[t575]                                          DE LA VILLE DE PARIS.                                               319
DC. — Messieurs de Ville font faire les Remonstrances cy dessus
POUR LA SOLDE DE DEUX MIL SUISSES DEMANDEZ PAR LE ROY À LA VlLLE DE PaRIs!1'.
19 décembre 1575. (Fol. a54 r°.)
Le lundy, dix neufviesme jour de Decembre m v° soixante quinze, Messieurs les Prevost des Marchans et Eschevins de la Ville de Paris, accompaignez de Messieurs .les Depputez cy devant nommez^', etplu-sieurs autres notables et des principaulx bourgeois de laditte Ville en grand nombre, sont partiz, en-vyron l'heure de neuf heures du matin, de l'Hostel de laditte Ville, et sont allez vers Sa Majesté estant au Louvre en son Conseil, auquel estoient le Roy de Navarre, Messieurs les Cardinal de Guise, Duc de Guise, Messieurs le Chancelier <3), Mareschal dc Retz<4), el plusieurs autres Seigneurs dudict Conseil en grand nombre.
Lequel Prevost des Marchans a faict et exposé de bouche lesdittes Remonstrances à Saditte Majesté, et puis icelles présentées par escript, et requis lec­ture en estre à l'instant faitte : ce qui a esté faict au­dict Conscil, Sa Majesté et tous lesdictz Sieurs y assis­tans et oyans, par Monsieur Pinart, secretaire d'Estat.
Puis auroit ledict Prevost, après laditte lecture faitte desdittes Remonstrances, et avoir icelles lais­sées entre les mains dudict sieur Pinart, par le com­mendement du Roy, faict ileralifves Remonstrances à Saditte Majesté.
"ll l'auroit instamment prié de voulloir excuser laditte Ville et les Bourgeois ct Cyloiens d'icelle de la contribution et paiement, demendée par Saditte Majesté ai icelle Ville, de la solde de deux mil Suisses pour qualrc mois : d'aultant que à present lesdictz Bourgeois et Citoyens d'icelle ville n'ont les moiens comme pour le passé, tant à cause des guerres et troubles qui ont longuement duré et jusques à pre­sent, et aussy des grandes levées de deniers qui ont esté faittes en cesteditte Ville, et que lesdictz Cytoiens et Bourgeois ne sont à present paiez des rentes qu'ilz ont sur l'Hostel de Ville : qui est la plus grande
parlie du bien et substance de la pluspart d'iceulx Bourgeois et Citoyens, à l'occasion quc Sa Majesté ne faict aulcun remplassement à laditte Ville de ce qui màncque d'assignation pour le regard des rentes allienées par Saditte Majesté à laditte Ville. Et quant ù celles deues par le Clergé de France, icelluy Clergé ne paie semblablement les arrerraiges à la­ditte Ville; de façon que, tant de la part du Roy que dudict Clergé de France, sont deues à laditte Ville pour les arrerraiges des rentes plus de sept ou huict cens mil livres tournois.
"Et aussy qu'ilz ne joïssent et ne reçoivent rien du revenu des heritaiges qu'ilz ont aux champs, pour aultant que tout est mangé et pillé par les gens de guerre, ceulx de la suitte dc la Court et par les gardes du Roy, et leurs maisons desdictz champs saccagées.
"A ceste cause, auroict ledict sieur Prevost, as­sisté comme dessus, faict supplication et requeste trés humble à.Saditte Majesté de voulloir excuser et descharger lesdictz Bourgeois et Citoiens de laditte levée et solde pour quatre mois desdictz deux mil Suisses; et plusieurs autres Remonstrances qui au­roient esté faittes par ledict Seigneur Prevost à Sa­ditte Majesté de vive voix, oultre lesdittes Remons­trances portées par escript.«
Auquel Sieur Prevost auroit esté faitte responce par le Boy :
"Qu'il avoit toutes lesdittes Remonstrances pour bien agreables; et que quant Dieu luy donnera le moien dc pourveoir à tout ce qui est contenu en icelles, il montrera qu'il a la voliinlté de le faire et dc soy monstrer tousjours bon Roy envers ses sub-jeclz pour Jes faire vivre cn paix ct repos, extorquer et oster les vices, maulx, abbus et corruptions qui sont en tous les estatz de son Royaume : mais que,
(" Rubrique de la Table du Registre.
(-) La liste de ces personnages est donnée ci-dessus art. DCXVII, in fme.
. (3) "Lo Roy de'NavarroJ. : voir p. 7, note 1. — {.Monsieur 1e Cardinal de Guise» : p. 109, no-c -0,
»Le Duc de Guise- :
p. 95, note 4, el p. 3o2, note 1. — "Monsieur le Chancelier» : p. 100, note 7.
O "Le Mareschal de Retz» : Albert de Gondi, baron puis'due de Retz, né à Florence le 4 novembre 1.022, mort à Paris le 12 avril 1602. Favori de Catherine de Médicis, il exerça une grande influence sur l'esprit de Charles IX et do Henri 111 qu'il avait suivi cn Pologne. Nommé marquis et maréchal de France et gouverneur de Provence en 1578, il devint dans la suite général des galères (1579), duc et pair dc France (i58i).